Un site de l’Antiquité tardive – par Fabrice Rigault
En août et septembre 2014, la Société Archéologique de Touquin (S.A.T.) a ouvert un nouveau chantier de fouilles archéologiques à Touquin. Le site a accueilli vingt fouilleurs, dont des étudiants stagiaires, et ce ne sont pas moins de six spécialistes qui ont étudié la topographie, les sédiments, la céramique, la faune et le mobilier.

Autorisée par le Service Régional de l’Archéologie de la DRAC Île-de-France grâce aux accords du propriétaire et de l’exploitant et à la coopération de l’entreprise de décapage, cette opération s’inscrit dans la continuité des objectifs de la S.A.T. : établissement de la carte archéologique d’une micro-région située à la frontière des Meldes et des Sénons et étude d’un paysage avec son réseau de voies et les sites qui s’y rattachent, habitats, agglomérations ou établissements ruraux. Cette période, longtemps considérée comme une époque de décadence, est maintenant reconnue comme une période charnière majeure entre l’Antiquité et le Moyen Âge. Elle reste néanmoins encore peu documentée pour notre région.
Nos campagnes connaissent entre les IVe et VIe siècles d’importantes mutations de l’habitat rural avec un maintien du modèle romain. Les modes d’occupation du territoire et d’exploitation du sol sont toujours caractérisés par une interaction étroite entre des agglomérations peu nombreuses et une multitude d’exploitations agricoles dispersées dans les campagnes. De nombreux gisements établis autour des IVe et Ve siècles présentent des changements tels qu’ils finissent par s’éloigner du modèle original, même s’ils en conservent quelques traits spécifiques. Cette mutation n’est ni uniforme ni linéaire mais plutôt régionale [VAN OSSEL P., De la « villa » au village : les prémices d’une mutation, 2006- HAL Id: halshs-00090599].

Outre sa spécificité chronologique, le site est de plus un site en bon état de conservation. En effet, des colluvions ont scellé l’occupation dont les structures sont, de surcroît, peu profondes et fragiles. Au cours de la seconde moitié ou dernier tiers du IVe siècle, plusieurs foyers de type oblong certainement destinés à la métallurgie sont creusés dans le substrat géologique.

Ces foyers sont ensuite remblayés avec, entre autres, de nombreux éléments de travail de boucherie et le sol est ainsi nivelé. Un bâtiment de 7m sur 6,70 m qui s’ouvre à l’ouest y est alors édifié en matériaux périssables dans le dernier tiers du IVe siècle. Trois foyers de type piriforme liés aux besoins domestiques sont contemporains de ce bâtiment.
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