Les moulins… au milieu du gué – par Dominique Robert
Mû par une énergie renouvelable liée aux aléas climatiques, le moulin accompagne la main d’œuvre musculaire pendant des siècles. Il représente un tel enjeu que les conflits d’intérêts entre seigneurs ont produit de nombreuses archives. Marqueur de la croissance économique et démographique, il suscite, dans le cadre de l’autorité seigneuriale, bien des défiances paysannes.
Sur l’Yerres, au XVIIIe siècle, le moulin de Grand Fontaine (commune de Touquin) avec le canal d’amenée, la roue et le sauvoir est une possession du chapitre de l’église Notre Dame de Paris. Toujours sur l’Yerres, au XVIIIe siècle, le moulin de Barneret, (toponyme venant du mot ‘ban’, signifiant le pouvoir de commandement, royal et seigneurial). Au début du XVIIe siècle, dans un arrêt du Parlement de Paris sur le partage des pouvoirs seigneuriaux entre Grand Fontaine et le seigneur de Touquin, Jean de Lenharé, les droits sur la rivière sont strictement délimités et le moulin de ‘Berney’ ne souffre d’aucune concession au seigneur de Grand Fontaine.
À partir du XIX e siècle, le moulin est peu à peu supplanté par des forces nouvelles dans un contexte de développement urbain. Réduit à l’abandon, amputé de sa roue, condamné à la démolition, son bief est asséché, nivelé et ensemencé. Qui se souvient des nombreux moulins de Saints, commune voisine de Touquin, jalonnant la rivière de l’Aubetin : la Roulotte, Grognart, Mussien, Planche-Oudin, au seigneur de Touquin, Nouveau, Maingerard? D’environ 100 000 au début du XIXe siècle, leur nombre est de 3500 aujourd’hui et le moulin de Nesles est de ceux-là.
Mais une nouvelle menace les voue peut-être à leur disparition définitive. Il s’agit de la restauration des continuités écologiques qui consiste à araser tout obstacle à la circulation des eaux et des poissons à l’horizon 2017. La responsable de la publication d’OYET, Malou Schlosser, a accepté de publier sur le blog de la SAT son article sur le moulin de Nesles. Vous pouvez le télécharger ci-dessous, bonne lecture !
Touquin et ses alentours présentent de nombreux moulins. Sur cet extrait de la carte des Cassini, n’apparaissent que les moulins à eau :
1° sur l’Yerres, d’amont en aval : Grand-Fontaine (ill.), Berneray et Galand
2° sur le Ru Saint-Jean : Chery et Choiseau


La présence de fontaines justifie le toponyme de la seigneurie dépendant du Chapitre de Notre-Dame de Paris. Sont visibles également sur ce plan les fontaines qui approvisionnent la rivière Yerres, ce qui est une généralité sur le territoire de Touquin. Ces moulins, d’origine médiévale, sont encore en activité au moment des levées effectuées par les CASSINI.
En effet, un moulin sur le Ru du Beuvron, au niveau de l’étang de la ferme de la Couture, n’y est plus figuré. Il est, en revanche, porté sur un plan du XVIIIe siècle comme étant en ruine. Ce moulin avait pour fonction de fabriquer de l’huile au profit des Chartreux de Paris du Plessis-Feu-Aussous.
Deux moulins à vent existaient à Touquin. Le plus ancien, visible sur un plan du XVIIIe siècle de la seigneurie de Grand-Fontaine, se situe sur la route de Touquin à Pézarches. Vraisemblablement élevé sur une butte artificielle, il n’en reste que la tour circulaire en pierre dans le parc de Malvoisine. Ci-contre : le moulin à vent de Touquin – Plan du XVIIIe siècle de la seigneurie de Grand-Fontaine.


Le deuxième moulin à vent est construit au XIXe siècle et a connu une existence plutôt éphémère. Non mentionné sur le cadastre napoléonien, il apparait ruiné sur un plan des travaux de drainage à Choiseau en 1881 dans une parcelle de près de 500m² (AD77).
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