Nouvelles données sur l’occupation antique et médiévale
de Touquin (Seine-et-Marne) – par Fabrice Rigault

Une nécropole à Touquin
Le projet d’aménagement hérité de l’intervention archéologique concerne la réalisation d’un petit parc avec jeux pour enfants et gazon impliquant le décapage d’une cour bitumée. La mairie du village décide de faire appel à l’association, la S.A.T pour effectuer des sondages. Après un dégagement succinct de l’ensemble des structures, trois zones de sondage furent décidées.
Les indices d’une occupation antique
Sur le sondage, les traces de cette époque consistent en une épaisse strate de couleur noire homogène comportant de nombreux fragments de tuiles et de tessons de commune et de sigillée lisse de Gaule centrale.
Une nécropole du haut Moyen–Âge

C’est dans la couche d’époque antique que sont creusées les sépultures. Sur les huit tombes découvertes, nous en avons fouillé quatre. Ce sont toutes des inhumations en pleine terre, en décubitus dorsal, la tête située à l’Ouest. Parmi ces sépultures : deux immatures et deux adultes. Toutes les tombes étaient comblées par une terre noire riche en restes d’époques Galloromaine.
La nécropole a livré très peu de mobilier datable du VIIè siècle associé à des fragments de plâtre. Les fosses des deux immatures sont originales par leur aménagement. Dans la première (sep .05 ), des trous de piquets furent dégagés à chaque angle, maintenant certainement des parois en matière périssable. Dans la seconde (sep. 03 ), un jeune enfant a été installé sur un lit de cailloutis et sa tombe était recouverte de tuiles antiques brisées.
Du Moyen-âge à l’époque moderne
Le sondage 1 a livré une succession de sols et de remblais. La fondation d’un mur de 1m 40 de largeur à la base (F07) a nécessité un terrassement et des sondages géologiques détruisant une partie de la nécropole. Il est composé de gros moellons de meulière qui forment le parement et de blocs plus petits composant le bourrage interne. Sa particularité est d’avoir reçu, sur sa partie Ouest, un revêtement composé d’un mélange de pierres meulières et de mortier de chaux donnant un aspect lisse à la façade. Les éléments les plus anciens découverts à son contact dateraient de la fin du XIè ou début XIIè siècle. Une obole de Provins et de Sens, du type Poey 5969, a été découverte dans une couche de mortier ainsi que des tessons de la même époque, des fragments de cruche qui appartiendraient au type CH 14b (de la typologie de J. Nicourt.) et d’oules à bandeau.
A l’Ouest de cette maçonnerie, nous avons dégagé un sol de piétinement de couleur sombre, percé de trous de poteaux et de piquets. L’espace a livré peu de mobilier, sauf quelques tessons des XIVè et XVè et des tuiles brisées sur place. C’est à cette époque qu’un épais remblai vient combler la partie Ouest du site, fermant les première phases d’occupations. A cette époque, tout l’espace est réorganisé, le nouveau bâtiment F01 vient s’appuyer, en partie, sur les vestiges de F07. Après plusieurs remembrements, vers le milieu du XVIIè siècle, F01 est détruit, on éboule les ruines puis un sol de cailloutis recouvre et scelle le site. Au XVIIIè siècle, une ferme s’installe à proximité.

Malgré l’exiguïté des points d’observations et leurs nombres limités, les données apportées par ces recherches archéologiques sont très importantes pour l’histoire du village de Touquin. Le nombre d’éléments bâtis et l’importance de la stratification (jusqu’à 1m80 et trois niveaux de sépultures) suggèrent une occupation assez dense, allant de l’époque gallo-romaine au bas Moyen-Age. Avant l’intervention de prospection par sondage, les connaissances sur ces époques étaient peu étendues.


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