Par Juliette Pageau
La Mésoamérique est une notion qui a été proposée par Paul Kirchhoff, ethno-historien, en 1943, pour définir l’Amérique centrale à l’époque précolombienne. Il en propose la définition suivante : «il s’agit d’une aire culturelle où il existe une certaine communauté à l’intérieur de différences ethniques». Cette définition se base sur une liste définie par Kirchhoff, composée de 90 traits caractéristiques définissant les cultures préhispaniques au moment de la conquête. Ces traits ont été définis par des études linguistiques, archéologiques et ethnographiques. La suite de son raisonnement se fait par une méthode de présence/absence, la présence ou absence de ces traits lui permettant de définir une aire culturelle, en l’occurrence la Mésoamérique.

La Mésoamérique correspond aujourd’hui à une partie de l’Amérique centrale et comprend la moitié sud du Mexique, le Guatemala, le Salvador, le Belize, l’ouest du Honduras et une partie du Nicaragua et du Costa Rica. Sur les 90 traits composant la liste, 40 sont uniquement présents en Mésoamérique, par exemple :
- présence de terrains de jeu de balles
- architecture et sculpture monumentales
- industrie et artisanat lithique dont des lames en obsidienne
- auto-sacrifice
- présence du cacao et son importance économique
- écriture et calendrier (glyphes calendaires)
La Mésoamérique se définit aussi par des traits qu’elle partage avec d’autres aires de l’Amérique telle la culture du maïs. Enfin, des traits absents permettent également de la définir, en opposition avec d’autres aires, telle la culture de la coca, qui n’existe pas en Mésoamérique mais est attestée en Amérique du Sud.
Un découpage en régions
Cette aire chrono-culturelle peut se diviser par cultures mais aussi par régions (que l’on peut définir comme des zones comportant plusieurs civilisations se succédant chronologiquement ou appartenant à la même période), comme nous pouvons l’observer sur la carte ci-dessous.

Une aire culturelle ayant abrité de multiples sociétés
La Mésoamérique correspond donc à une aire culturelle précolombienne et a abrité des sociétés diverses, elle ne correspond donc pas à une unique culture mais à un ensemble de cultures variées. Parmi ces sociétés, pour ne citer que les plus connues, on trouve :

Les Olmèques, culture d’abord considérée comme mère de toutes les autres civilisations mésoaméricaines, aujourd’hui plutôt perçue comme leur sœur. Elle est la plus ancienne des grandes civilisations de la Mésoamérique puisqu’elle a été datée de 1200 à 500 av. J.-C. Cette civilisation est notamment connue pour ses sculptures monumentales en basalte dispersées au quatre coins du territoire olmèque. L’un des sites archéologiques parmi les plus connus appartenant à cette culture Tres Zapotes.
Les Mayas, localisés dans toute la partie Est de la Mésoamérique. Les Mayas sont une des civilisations ayant la plus longue occupation précolombienne, de 1000 av. J.-C. à 900 de notre ère. Ils correspondent d’avantage à une multitude de royaumes unis par un système de croyances, une organisation sociale et d’autres caractéristiques similaires, qu’à une civilisation unie et homogène. Plusieurs sites archéologiques connus appartiennent à la culture maya, tel Tikal.


Les Toltèques, civilisation mexicaine apparue à la période Post-classique (Post-classique = 900/1000 de notre ère jusqu’à la conquête). Cette société est issue d’un syncrétisme entre tribus nomades originaires des régions au Nord de la Mésoamérique et groupes sédentaires locaux. Les Aztèques, culture plus tardive, considérait ces derniers comme leurs ancêtres. Leur capitule fut Tula.
Les Aztèques, également appelés «Mexica» (prononcer «Mechica»), culture très largement documentée par les colons car existait encore au moment de la conquête, à l’inverse d’autres sociétés tels les Olmèques. Sont la plus grande puissance militaire de l’époque Post-Classique, éternellement en guerre avec le royaume Tarasque. Ils se revendiquent les descendants des Chichimèques et Toltèques, ils ont pour capitale Tenochtitlan, qui se situe sur le lac Texcoco.


Les Tarasques, culture également rencontrée par les colons. Ces derniers peuvent être considérés comme la seconde plus grande puissance militaire de la période Post-classique après les Aztèques. La capitale tarasque était Tzintzuntzan et se trouvait dans la région du Michoacan (Mexique). Ils sont connus, entre autres, pour leur grande habilité technique.
Les Zapotèques. Il s’agit d’une culture s’étant établie et développée dans la vallée de Oaxaca, au Mexique. Un site archéologique connu pour présenter des vestiges de cette culture est notamment Monte Alban. Cette culture est la plus importante de la vallée de Oaxaca. Ils sont entre autre connus pour avoir développé un système d’écriture dit logosyllabique.

La remise en cause du concept de Mésoamérique
Depuis quelques années, le concept de Mésoamérique est très largement remis en cause bien que toujours utilisé car il représente un outil méthodologique efficace. Une des principales remises en question qu’il subit porte sur ces limites géographiques. En effet, il semblerait que les frontières de ce territoire aient beaucoup fluctué au cours du temps, notamment pour la frontière nord.
Pour aller plus loin
DARRAS Véronique, La Mésoamérique précolombienne. Historiens & Géographes, 2000, pp.143- 162. https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00356383/document
E.U., FAUGÈRE, TALADOIRE, LARA, ACOSTA, «PRÉCOLOMBIENS – Mésoamérique», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 28 février 2017. URL :
http://www.universalis.fr/encyclopedie/precolombiens-meso-amerique/
• E. TALADOIRE et P. LECOQ. Les civilisations précolombiennes : «Que sais-je?» n° 567, 2016, Henri Lehmann
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